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Nous aimons qu'on nous raconte des histoires, qu'on nous raconte en histoires, et ce depuis toujours. Ce qui est inédit, avec le monde numérique qui est devenu le nôtre, c'est l'ampleur prise par la thématique des récits. Toute instance de décision, toute personnalité politique, tout Etat est sommé de produire un ou plusieurs récits, qui ont vocation à défendre son programme, à définir sa nature et à légitimer son action.
Dès lors, le storytelling s'est imposé comme l'arme suprême des nouveaux rapports de force géopolitiques.
[...] Les pages [de ce dossier] offrent un décodage d'intérêt public, car nul n'est mieux préparé à la propagande que celui qui prend le temps d'un pas de côté pour étudier ses effets. Bienvenue dans un monde où la puissance bascule, et où les guerres, devenues hybrides, se jouent autant avec des morts qu'avec des mots. [Présentation de l'éditeur][-]

En une phrase, l'humoriste Jimmy Kimmel a dit l'essentiel sur la nouvelle élection de Donald Trump à la présidence des États-Unis : « Nous avions le choix entre un procureur et un repris de justice, nous avons choisi le repris de justice. » Quand le rapport à la loi change dans l'électorat, c'est tout sauf anodin. Le rule of law (primauté du droit) a été le pilier de la construction démocratique depuis plus de deux siècles. Il semble aujourd'hui s'effriter. Et puisqu'il sert aussi de référence à l'ordre international, des transgressions comme l'invasion russe en Ukraine ou l'agression du Hamas suivie d'une guerre de représailles sans frein menée par Israël deviennent possibles. La loi du plus fort n'a jamais vraiment disparu, mais elle était tempérée par le droit international et la négociation multilatérale. Pour combien de temps encore ? Et jusqu'à quand, en France, le Rassemblement national sera-t-il tenu à l'écart du pouvoir ? Après la dissolution surprise du 9 juin, le parti d'extrême droite – qui préfère se qualifier de droite patriotique – a réalisé ses plus hauts scores électoraux, et n'a manqué la majorité absolue à l'Assemblée nationale que parce qu'un front républicain s'est constitué pour lui faire barrage. En Europe et au-delà, le populisme gagne des points, avec des coups de pouce de ses sponsors la Russie et/ou la Chine. [Présentation de l'éditeur][-]