
« Gouverner, c’est d’abord loger son peuple », avait prévenu l’abbé Pierre. Soixante-dix ans après qu’il a lancé, le 1er février 1954, son appel à la solidarité avec les sans-abri, sa phrase est reprise par Christophe Robert, président de la Fondation Abbé Pierre, qui publie son 29e rapport annuel. Selon lui, « le compte n’y est pas » : 2023 a été marquée par « l’aggravation alarmante de la crise du logement » et « l’explosion de la bombe sociale du logement » ; quant à l’année 2024, « elle débute d’une façon très inquiétante, puisque Gabriel Attal vient de remettre en cause la loi SRU [relative à la solidarité et au renouvellement urbains], emblématique de l’ambition républicaine de mixité sociale », qui oblige les communes urbaines à atteindre 20 à 25 % de logements sociaux.
Jeudi 1er février, Christophe Robert compte présenter le bilan d’une « année noire du mal-logement ». Et égrener quelques chiffres : la saturation des plus de 200 000 places d’hébergement d’urgence, laissant chaque soir sans solution plus de 8 000 personnes, dont 2 400 enfants, qui avaient réussi à joindre le 115 ; le nombre record de demandes de logements sociaux (2,6 millions) tandis que leur production s’effondre (82 000 agréments en 2023, contre 124 000 de 2016), comme celle de l’ensemble des logements (295 000 mises en chantier, contre 435 000 en 2017), alors que dans l’intervalle la location touristique a fortement augmenté.
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