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La présence d’un historien, d’un économiste, d’une philosophe et d’un sociologue aux côtés de deux physiciens, de spécialistes des sciences de la vie et de la Terre, d’un mathématicien et d’une informaticienne, lors de la récente installation du Conseil présidentiel de la science, atteste que, à une table où le politique entend dialoguer avec des représentants de la communauté scientifique, les sciences humaines et sociales ont leur place.
Pourtant, leur appartenance aux savoirs scientifiques fut un pari dès l’origine problématique. Leur institutionnalisation comme disciplines rationnelles a reposé sur leur volonté de produire des résultats issus de recherches empiriques, appuyés sur des sources, des textes, des données, de scrupuleuses enquêtes de terrain, traités selon des méthodologies rigoureuses, contrôlées par la communauté des pairs. Mais l’indexation des sujets de recherche à la diversité des enjeux et des contextes nationaux ou culturels est une limite que ces sciences affrontent constamment quand on leur demande de fournir des clés de compréhension univoques et générales.
« C’est plus compliqué que cela », répondent-elles régulièrement. La difficile cumulativité des résultats – on ne déduit pas forcément des différentes causes des inégalités scolaires en France, en Inde et au Sénégal une loi générale –, la diversité des approches théoriques, des langues et des supports fragilisent souvent la crédibilité de ces disciplines, notamment dans les fameux classements bibliométriques qui hiérarchisent désormais les sciences.
Pour autant, dans leur diversité, elles produisent inlassablement des résultats robustes. Par la comparaison et la confrontation aux imprévus du réel, elles proposent des outils pour comprendre le monde dans sa complexité et œuvrer au progrès social. Mettre en résonance leurs résultats issus de multiples champs de recherche, c’est se donner une chance de penser les tensions intrinsèques aux sociétés humaines.
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